« j'suis désolée pour ce qui se passe. Lui en veut pas, mais mon dieu ! Pourquoi a t-il fallu que vous vous disputiez comme ça ? »
« Excusez moi, c'est de ma faute... » je serrai les dents. C'était de sa faute
« Je m'inquiète tellement. Il ne mange plus, il ne sort plus... Il faudrait peut être que tu partes si ça continue, je suis tellement désolée. »

J'ai l'impression qu'elle va fondre en larme et j'me sens mal pour elle. Elle commence à me raconter leur vie de tous les jours, leur vie quand celle ci a basculé, quand elle s'est éloignée volontairement de sa propre famille. Et quand son mari est parti. Ca m'a pas touché. Mon père aussi s'était cassé.  
Depuis quelques jours, rien ne bouge. Je ne le vois plus, il doit attendre que je parte. Et les jours passent toujours et toujours pas sa tête, on s'est arrangé avec sa mère pour récupérer mes affaires, il me les a balancé à la gueule.
Sérieusement, si je pouvais, je défoncerai sa porte et le secouerai. Il se comporte comme un gamin c'est énervant mais à un point. Il est tellement égoïste de faire ça à sa mère en plus. Il sortirai pas en ma présence, pourquoi pas, mais faut pas abuser.

Alors que je m'ennuyais, sa mère était de nouveau parti. J'étais quasi seul. J'étais assis devant sa porte essayant d'écouter ce qu'il faisait. Je parlais pas, j'avais la flemme en fait, flemme de sûrement m'engueuler avec lui, ou débattre pour qu'il ouvre sa porte. Je savais qu'il ne le ferait pas.
Mais je troubla tout de même le silence assez pesant.

« Bon. Monsieur le gamin tu voudrais pas m'ouvrir la porte. Promis j'te saute pas. Parle sérieux, on s'explique oklm. Aish. »

J'ai essayé l'humour, j'aurai peut être pas dû. Ca risque de le faire se renfermé. Et puis merde. Mon sang commence à bouillir à l'intérieur de moi. Ca m'vénène. Mais putain qu'il me fait chier là. il commence tellement à vraiment m'énerver, et quand je le serai vraiment il comprendra rien à sa vie ce fils de chien.

il faisait nuit comme dans un four. je refusais de sortir pour la bonne et simple raison d'éviter de le croiser. insupportable. m'imaginer sa tête de la dernière fois, avant et après la « veille » me rendait fou.

allongé sur mon lit, je regardais ce qui se présentait sous mon nez. mes draps défaits et plissés, mes coussins froids mais tièdes d'un côté, ma fenêtre cachée par des rideaux que j'avais fermé au moment où je me suis enfermé. vêtu seulement d'un pantalon jogging, j'avais l'impression de comater. j'étais là sans être réellement là. je pensais à tout et à rien pour me le sortir de la tête, pour sortir cette histoire de mon esprit, qu'elle arrête de me hanter. c'était insupportable. maman revenait tout les soirs me voir, me supplier de sortir de ma chambre pour m'empêcher de refaire comme la dernière fois*. la seule réponse que je lui donnais, c'était non. non, je ne sortirai pas de cette chambre. non, je ne parlerai pas plus de ce problème, elle n'a pas à s'en mêler. non, je n'ai pas faim. non, je n'ai pas froid. non, je vais bien. non, je suis totalement en bonne santé. maman, laisse-moi. et elle s'en allait aussi bruyamment qu'elle était arrivée.

je voulais juste être seul pour me remettre les idées en place, je savais que comme ça ça allait s'arranger, je trouverai la solution tout seul comme je l'ai toujours fait, comme un grand. ça a toujours été comme ça depuis que papa est parti et ça ne changera plus.

j'ai soupiré. mon esprit ne ressentait aucune faim, mais j'avais l'impression d'un vide dans mon estomac. je me suis levé silencieusement de mon lit et je suis allé prendre la bouteille d'eau sur mon bureau, recouvert de vêtements. d'un geste, je les ai tous fait tombés par terre pour pouvoir accéder à mon eau sans problème. les gloussements que je faisais en buvant étaient les seuls bruits perceptibles dans ma chambre, et seulement si on y prêtait attention. j'allais retourner dans mon lit jusqu'à ce que j'entende sa voix à travers la porte. c'était bien lui. je me suis retourné, comme si la porte n'existait pas, et je n'ai rien dit. je me suis tut. je réfléchissais à ce que j'allais faire. répondre, ne pas répondre ? j'ai hésité et je n'ai pas changé d'avis. je me suis étalé sur mon lit comme après une dure journée de cours.

Comme je m'y attendais, il n'a pas répondu. Pourquoi il aurait répondu d'abord ? Ca servait à rien de parler. Alors j'ai parlé tout seul. J'ai pas l'habitude de beaucoup parler, j'ai pas non plus l'habitude de m'énerver aussi facilement ou même le montrer. J'suis pas du genre à tout foutre sur la table, à m'exposer. J'ai voulu jouer sa touche faible, lui parler de sa mère.

« Ta mère ne va pas bien. C'est égoïste ce que tu fais sérieusement... Tu dis que tu vas bien, pourquoi pas, mais elle, elle pleure le soir. C'est franchement dégueulasse ce que tu lui fais. Si tu veux des excuses, je te les fais. Genre c'est une petite broutille... Oke. Non ça n'en est pas une. Mais on est responsable merde. Réveille toi un peu t'es pas un gamin. Sors toi les doigts du cul et ouvre ta porte, vas voir ta mère. De toutes façons, moi j'vais me barrer. »

J'ai dis ça cash. J'aimais pas la façon dont il traitait sa mère, il prétendait qu'elle était tout ce qui lui restait et voilà comment il l'a traité. Sympatoche. Mes arguments n'étaient pas cool non plus mais j'espérais que ça le bougerait dans son cerveau de moineau. D'après sa mère, ce n'était pas la première fois qu'il se refermé sur lui même. La dernière fois c'était pour son père, après qu'il soit parti ou un truc du genre. Il s'en est jamais vraiment remis d'après elle.

Je me suis levé, toqué une nouvelle fois à la porte. J'ai attendu quelques secondes. Il n'ouvrirait pas. Je me suis retourné et suis parti m'installer sur le canapé de la salle principale.
Si il voulait bader seul, c'était son problème à la fin, j'étais pas là pour rassembler les pièces merde. Ce gamin m'agaçait.